18/02/2010

Le Rajasthan

Lundi 22

Arrivés au petit matin à Jaipur, on a d'entrée un mauvais feeling qui va se confirmer tout au long de la journée.
Nous tentons de rallier l'hôtel qu'on a choisi à pied, mais il fait nuit et les lieux ne correspondent pas au plan qu'on a (en fait un viaduc est en construction dans le secteur, avec modification des rues du quartier. On prend un autorikckshaw qui surfacture comme d'hab. L'hôtel est complet, on va voir en face, mais c'est un hôtel borgne. Un peu plus loin une autre guesthouse, pas chère et plutôt propre. On la prend. Mais il est 6h du matin c'est calme et nous ne voyons pas qu'il n'y a pas de vitres à la fenêtre qui donne sur la réception: la chambre sera aux premières loges pour tous les bruits de l'hôte, mais nous serons tellement fatigués que nous dormirons très bien quand même.
Visite du parc astronomique créé par un maharadjah éclairé, on dirait un musée en plein air surréaliste: les instruments de calcul sont des constructions parfois très imposantes.
Vue de l'extérieur du "palais des vents", en fait une façade très jolie (ocre rose comme les autres monuments de la ville) en forme de pyramide.
Nous sommes sollicités en permanence par des tas de gens qui essaient de gagner quelques roupies sur notre compte. C'est très irritant car çà n'arrête pas, et les quelques rencontres qui semblent sincères se terminent toujours par une proposition commerciale (tour en rickshaw, hôtel pas cher, parshmina, restaurant, guide)...
Nous filons à 10km en bus à Amber, ex-capitale moghole où trône un chateau-fort-palais assez impressionnant. Il se trouve dans un secteur de collines que ses remparts escaladent tout autour: on dirait la muraille de Chine. La partie réservée aux femmes (le "Zenana") est un labyrinthe de couloirs entrecoupés de terrasses et d'appartements. Belles salles d'audience (diwan) tapissées de miroirs, pâte de verre et mosaïques).
Il se met à pleuvoir au retour. Circulation très pénible, nous rentrons à l'hôtel crevés.

Dimanche 21

Nous prenons un autorickshaw pour visiter les environs: un village fantôme, un ensemble de cénotaphes royaux perdu au milieu d'un champ d'éoliennes et un temple jaïn très mignon.
Nous prenons le train de nuit pour Jaipur à 17h. En gare se trouve le fameux "Palace on Wheels", ancien train du maharadja de Jasailmer, devenu train de luxe pour touristes fortunés (2200$ la semaine).

Samedi 20

Nous voilà à Jasailmer, dans une région désertique. Arrivés à 5h du matin, nous passons le barrage des conducteurs d'autorickshaw et montons jusqu'à la citadelle où nous attendons le lever du soleil sur un bastion.
Toute la ville est ocre doré, surtout la forteresse qui la domine. Visite intéressante, c'est encore un palais fortifié à l'architecture imposante et sophistiquée. Tout autour, le désert (de pierre).
Visite aussi d'un haveli (maison seigneuriale) très ancienne, le guide est passionnant mais la visite dure trop longtemps. Alors que j'hésite à lui donner un pourboire, il me dit qu'il veut un minimum de 50R ou rien. Il a été satisfait (deuxième proposition).

Vendredi 19

Visite de la forteresse de Jodhpur et de son palais. Impressionnant par l'architecture, le luxe et la finesse des ouvrages. Balade dans les bazars et rues commerçantes. Mais c'est très fatiguant, les rues sont enveloppées d'un nuage de poussière qui entre par la bouche et le nez. Circulation chaotique après 17h...
Train de nuit pour Jasailmer. Avant de monter nous allons au restau près de la gare puis boire une bière dans un bar à côté. Alors que le train s'apprête à démarrer, nous voyons débouler le serveur du bar qui dit qu'on ne l'a pas payé et veut l'argent maintenant (comme il n'était pas là quand on est parti, on a payé à un autre). Nous lui affirmons qu'on a bien payé et il s'en va sans trop insister. Mais comment a-t-il su dans quel wagon nous étions montés, mystère. La scène était quand même assez surréaliste.

Jeudi 18

Nous traînons au lit, achetons de vieilles cartes postales décorées de miniatures dans le style traditionnel du Rajasthan après sévère négociation, puis prenons un car privé pour Jodhpur. Le car est correct, un long courrier avec des compartiments vitrés pour les femmes et les familles. 7h de trajet intéressant, qui nous permet de connaître la campagne du Rajasthan: vallonnée et semi-désertique. Des femmes montent et descendent du car, couvertes de bijoux et de saris très colorés (elles se couvrent avec la tête et même certaines les visage), de vraies princesses, bien qu'une en sortant du car nous a demandé de l'argent.
Arrivée à Jodhpur de nuit, un peu dur de trouver la guesthouse qu'on a choisi avec le harcèlement des chauffeurs de rickshaws, mais on y est arrivés. C'est une vieille maison traditionnelle très mignonne pour 1000R pour trois.

Mercredi 17

Train de nuit jusqu'à Udaipur, Rajasthan. Il a mis 9h pour faire 250km, mais çà nous a permis de bien dormir (quand nous nous sommes réveillés tout le monde était descendu du train).
Udaipur, "la ville blanche", est un vrai bijou architectural. Entre le quartier populaire plein de venelles labyrinthiques aux maisons blanches et décorées de dessins divers et les palais sur le bord du lac avec balcons, loggias et vérandas ouvragées, en marbre blanc, on ne sait où poser les yeux.
Le palais du Maharadjah (appelé ici Maharana) actuel est une pure merveille, imposant et luxueux. Un vrai palais des Mille et une nuits.
On va dans une agence de voyage acheter un billet de bus pour Jodhpur, mais le gars nous propose en plus un billet de train pour aller à Jasailmer. Ca m'étonne car à la gare il n'ont pas pu me le délivrer car il ne restait plus que 2 places pour étrangers, mais le gars prétend que c'est le quota d'urgence accessible par internet, soit, on tente le coup, on verra bien.
Renaud s'achète un turban, çà lui va bien, il compte le porter tous les jours. Il a un franc succès auprès des vieux dont certains le portent encore.

Brève escale dans le Gujarat

Mardi 16

Arrivés à Ahmedabad, capitale du Gujarat à 7h du matin.
Nous traversons le centre ville endormie (les villes indiennes se réveillent à 10h). C'est le calme avant la tempête car le reste de la journée ce sera un tourbillon de gens, d'autorickshaws, de scooters, de bus et autres véhicules empétrés dans des embouteillages monstres dont ils essaient de sortir en klaxonnant comme des malades.
Nous visitons une grande mosquée et des bazars superbes. La ville est à majorité musulmane et on se croirait en Afghanistan, au Maroc, en Egypte.
Les gens sont ecxtrêmement gentils, un petit vieux nous a offert un café, comme çà, juste pour discuter un moment.
Renaud avec sa bouille sympathique est souvent interpellé, souvent des jeunes, mais aussi des vieux. On nous offre une carote rouge sang au marché aux légumes, encore du thé ou du café qu'on refuse... Les gens d'ici sont vraiment très ouverts et souriants et ne nous regardent pas comme des porte-monnaies ambulants.
On va visiter aussi un puits-citerne très ancien, oeuvre superbe: plusieurs étages en pierre de taille s'enfoncent dans le sol jusqu'à l'eau. Tout est sculpté.

La famille me rejoint à Bombay

Dimanche 14 et lundi 15

Nous marchons énormément, je les emmene dans tous les lieux que je connais.
Lundi nous avions prévu d'aller à l'île d"éléphanta mais c'est jour de relache, du coup on traine sur Marine Drive puis prenons le train de nuit pour Ahmedabad (c'est le tgv indien, le plus rapide; il met quand même 6h pour faire 400km).

Samedi 13

Je pars un peu tôt pour l'aéroport, je dois attendre 3h l'arrivée de Françoise et Renaud. Mauvaise surprise, on ne peut pas entrer dans l'aérogare sans billet. J'avise un comptoir pour "entrée des visiteurs, 60 roupies". J'achète le billet mais c'est de l'arnaque, c'est juste une pièce climatisée close avec baies vitrées donnant sur le hall des départs!!
Arrivée de Renaud et Françoise en forme.
Nous filons à l'hôtel puis nous baladons jusqu'à la nuit tombée, à la fête de Kala Bhoda notamment.

Vendredi 12

Bombay 6h du mat. La ville est calme, silencieuse, presque personne dans les rues. Je prends plaisir à arpenter les métropoles au petit matin: c'est comme un négatif de la ville dans la journée.
Bombay m'apparait particulièrement propre, après avoir vu Calcutta et Bénarès elle est effectivement propre. Je vais même dans un petit restau où j'étais allé au début de mon séjour, le prenant pour un boui-boui tout juste correct, alors qu'en fait c'est un restau tout ce qu'il y a de plus convenable, genre classe moyenne supérieure. Elle est moins pauvre aussi que ce que je percevais, il n'ya pas énormément de sans logis sur les trottoirs, les services municipaux fonctionnent, les bâtiments du centre ville sont en général en bon état bien que vieux. Ma perception a pas mal évolué, je me suis calé sur la réalité indienne.
Je me balade au Chok Bazar, "le marché des voleurs", où je trouve une montre à gousset mécanique (fausse antiquité) qui plaira peut-être à Renaud. Je croise beaucoup de gens endimanchés, des offrandes dans les mains: ils se dirigent vers les temples dédiés à Shiva, c'est sa fête aujourd'hui (une de plus).
Je passe devant un cinéma assiégé par une escouade de flics armés de gourdins: c'est le renforcement de la sécurité auprès des cinémas qui diffusent "Mon nom est Khan" à partir d'aujourd'hui avec en vedette Shah Ruk Khan. SRK comme ils l'appellent ici est dans le colimateur des fachos hindous du Shiv Sena pour ses propos apaiseurs sur les relations avec les musulmans et le Pakistan (ils ont saccagé plusieurs cinémas hier et appellent au boycott du film).
Je me paye une ballade en bateau, la traversée de la baie vers Malwan (1h15), histoire de prendre l'air. A Malwan rien à voir rien à faire, je bois un coup puis reviens.
Je vais ensuite à la fête de Kala Bhoda, un quartier de Mumbai (Bombay) près de Colaba. Fête culturelle et artistique bon enfant, çà me permet de voir la petite bourgeoisie "Mumbaikar" dans ses loisirs. Il y a des concerts, théatre, danse et cinéma, tout gratuit, des dizaines de stands d'artisanat, des expos photo, mais il y a tellement de monde que je ne reste pas longtemps, c'est oppressant. Au retour je tombe sur une gargotte qui fait des brochettes, des vraies, sans sauce ni masala, ni rien, et bien cuites en plus. Je me régale et reviens même en arrière pour en racheter une.

08/02/2010

Retour a Goa

Jeudi 11

RAS. Je traine en attendant mon train de nuit, depart 18h.

Mercredi 10

Je retourne a Margao car la date des retrouvailles a Bombay avec la famille approche.
Je retourne au meme hotel, Margao Residency, qui est tres bien.

Lundi 8, Mardi 9

Agonda, plage tranquille pas encore trop pourrie, a 10km de Palolem.
J`ai negocie comme un chef aupres de la patronne une chambre a 400R, a tel point que le fils l`engueule et me demande de ne rien dire aux autres clients qui payent entre 600 et 850R. Il me demande aussi de venir souvent manger a son restau...
Superbe coucher de soleil, comme tous les jours...

Dimanche 7

Me voila a Palolem, site paradisiaque, carte postale parfaite de la plage tropicale, malheureusement pourrie par l`exploitation commerciale (hotels, huttes de plage en palmier, restaus et bars, boutiques de fringues et de bijous...).
J`y suis arrive en compagnie d`une jeune israelienne rencontree dans le bus, que je chaperonne un moment car elle est un peu paumee (mais elle me quitte pour rejoindre un point de rencontre israelien comme il y en a de partout sur la cote et qui leur sert de lieu d`information et d`entraide).
Mais bon, c`est plus supportable que dans le nord de Goa.
J`ai trouve une guesthouse pas chere et propre, 300R, je suis content. Par contre je mange mal (un sizzler de fruits de mer ou je ne trouve que des qretes, deux cheveux et quelques anneaux de calmar minuscules).

03/02/2010

Péripéties ferroviaires et plage

Samedi 6

Petite excursion א Murudeshwar, א 70km de Gokarna (2h de bus quand mךme). Site superbe, un Shiva de 40m de haut tout d'or et d'argent (peinture) trפne sur une butte gazonnיe en bord de mer. Tout prטs un temple dans les mךme couleurs et un gopuram tout gris de 80m de haut! Deux plages superbes (bien que pas trטs propres) de chaque cפtי de la butte. Et un petit village de pךcheurs autour. L'endroit est adorable.
Pendant que j'attends le bus pour rentrer, je vais boire une orangeade dans un stand de bord de route. La patronne a des yeux extraordinaires (je le lui ai dit d'ailleurs), vert fluo, vert Stabilo! (j'ai achetי hier des colliers en bois de santal א un mec qui avait des yeux pareils). Sur un visage א la peau presque noire חא fait un effet saisissant.
Le soir bon sizzler de poulet arrosי de biטres (j'ai enfin trouvי dans le village un restau qui n'est pas strict vיgיtarien).

Vendredi 5

Retour sur Kudle beach oש je passe la journיe. Bronzette, momos tout chaud (raviolis tibיtains), biטre fraמche.

Jeudi 4

Je visite les trois plages au sud de Gokarna: Kundle, Om et Half Moon. Très chouettes plages en forme de crique, avec cocotiers, palétuviers, sable doré, séparées par des promontoires de roche volcanique noire. Peu d'exploitation commerciale et immobilière car pas d'accès direct en voiture. Pour atteindre la 3ème il faut marcher une heure et demi. Que des restaux et des huttes à mur et toit de palme. Jeunes branchés, vieux babas de l'ère préhistorique, pas de russes (ouf). Malgré ce que peuvent dire des jeunes de 25 ans à la mine blazée "c'est nul, çà n'a rien à voir avec le paradis d'il y a dix ans", cette côte est vraiment superbe, c'est sans discussion aucune les meilleures plages que j'ai vues en Inde. Il n'y a que l'eau qui n'est jamais limpide ni turquoise...

Mercredi 3

Je pars à la gare de Margao (en bus puis moto-taxi, car je n'ai pas pu négocier un prix correct avec les taxis de Colva).
J'achète les billets de train pour dans 10 jours (mon retour à Mumbai et les trains pour aller en famille au Rajasthan).
Alors que j'allais quitter la gare, je vois la liste des horaires de trains au départ de Margao, et vois que le train pour Gokarna part dans deux heures. Je comptais aller aujourd'hui à la plage d'Agonda, à 40km d'ici et Gokarna dans quelques jours. Mais je change d'avis et vais au guichet faire la queue pour acheter un billet pour Gokarna. Bon, quand mon tour arrive les employés partent en pause (c'est du déjà vu), quand ils reviennent on me dit que les billets ne se vendent qu'une heure avant le départ et on est à une heure trente. Bon j'attends et finis par avoir mon billet. Je file manger un thali au restau de la gare, et alors que je sors j'entends qu'un train est sur le point de partir. Bon Dieu, c'est mon train. Je demande a un employé du train s'il va bien à Gorkarna, il me dit "oui, il va dans le Karnataka" (Gokarna se trouve au nord du Karnataka).
Je cherche le wagon de 2ème classe mais ne le trouve pas et monte dans le train en marche, wagon 2ème classe climatisée (plus cher que ce que j'ai acheté).
A peine monté je tombe sur le controleur et je lui demande si je peux rester dans l'espace entre les deux wagons, car je n'ai pas trouvé le wagon de 2ème.
"Billet!"
Je lui tends le billet et il se met à l'analyser longuement à tel point que je crois qu'il est sacrément presbyte. Mais son visage se transforme, les sourcils se froncent, un rictus déforme sa bouche, les traits se figent: il se compose le masque de l'Autorité.
"Ce billet n'est pas bon, vous n'avez pas le droit d'être dans ce train. Il ne s'arrête pas à Gokarna et il n'y a pas de 2ème classe.
- Ah bon, mais il s'arrête où alors?
- A Karwar.
- Bon, je descendrai à Karwar (je sais que c'est l'arrêt juste avant Gokarna).
- Non, non, vous n'avez pas le droit d'être là, il faut payer l'amende de 1000 roupies!"
Pas futfut le mec, je l'ai vu venir. Je lui dis que l'amende c'est pour les resquilleurs, moi j'ai un billet, je me suis trompé de train mais c'est pas de ma faute, il n'ya pas de numéro de train sur le billet, mon train partait en même temps que celui-là et dans la même direction et un employé du train m'a confirmé qu'il allait à Gokarna. Je suis très ferme, il proteste mollement.
"Restez ici, ne bougez pas, je reviens tout à l'heure" qu'il me dit, et il file faire sa tournée.
Plusieurs employés du train viendront me voir et joueront au controleur pour tenter d'obtenir un backchich, mais peine perdue, je suis dans mon bon droit et ils n'auront rien.
Ce train est super rapide et en 45mn nous voilà à Karwar. Je descends et n'aurai pas revu mon controleur. Quand le train redémarre un des employés me fait un signe de connivence par la portière ouverte.
Je vais attendre mon train (le bon) pendant 3 heures sur le quai car il a du retard.
Plein de touristes dans ce train, c'est pas bon signe. Arrivé à Gokarna Road, c'est la gare à 10km du village, une floppée de rickshaws et taxis attendent en exigeant des prix indécents pour aller en ville. J'attends un peu que la majorité des touristes partent puis propose à 3 routards de partager un taxi que j'ai négocié à 150R. Quand on monte à 4 le chauffeur fait la gueule et tente de nous extorquer 200, mais on reste fermes.
Je vais dans un hôtel indiqué dans Lonely Planet, bonne adresse, propre, pas cher et bien situé, au centre du village (300R).
Je vais voir le coucher du soleil sur la plage. Le village est sympa, il fait moyennageux, des ruelles étroites et tortueuses, avec plusieurs temples populaires et une exploitation touristique bon enfant.
Je mange un bon curry de noix de cajou et amandes.