Samedi 24
Mon chauffeur à l'humeur sombre, il a dû se faire jeter par les gars de l'hôtel. Nous roulons une heure sur des routes pleines de nids de poule. A mi-chemin arrêt de deux heures à la forteresse de Daulatabad, superbe, immense, très bien conservée, érigée sur un piton rocheux qui domine toute la pleine. Plein d'écureuils et de singes (gibbons?). Pas vu de serpents. Les environs ressemblent toujours à Monument Valley, une plaine avec des mesas plus ou moins érodées, légèrement recouvertes d'une herbe plutôt sèche.
Arrivée à Ellora, devant le temple rupestre hindou de Kailasa. Sublime. Un temple immense creusé dans une falaise en basalte noir. Shiva, Ganesh, Vishnou, tout le monde est là.
C'est le bijou des lieux, mais il y a 33 autres grottes creusées en temples ou en monastères, situés dans trois zonnes contigues: la zone hindoue, la zone bouddhiste et la zone Jaïne. Je peux comparer le panthéon des 3 religions, bien que ma compréhension soit limitée, je note que les Jaïns sont plus proches des bouddhistes (statuaire). Ce sont les bouddhistes qui sont les plus sobres, les hindous délirent le plus. Je note la fervuer des hindous pour certaines statues féminines dont les saints généreux sont polis par la main des visiteurs. L'endroit est classé par l'UNESCO et le mérite, c'est hyper intéressant surtout grâce à la proximité des trois religions (les grottes ont été creusées dans les trois zones à peu près en même temps, entre l'a 600 et l'an 1000).
Mon chauffeur comme de bien entendu se montre insistant pour aller au restaurant, pour aller visiter une fabrique de saris en soie... Je suis obligé de mettre les points sur les i, il aura comme prévu 400 roupies mais aucune commission car je n'achèterai rien. Il me dit que si je veux aller maintenant voir le "petit tal mahal" Bibi Qa Maqra, il faut que je paye 20 R de plus car c'est loin. Je lui fais la leçon, on ne revient pas sur une parole donnée, bref il m'emmène où ilveut mais il n'aura que 400R. OK, ok, direction le petit Taj Mahal. C'est pas mal, çà ressemble au vrai (d'après ce que j'en sais). Plein de musulmans sont de sortie, tous endimanchés, les filles comme d'hab sont belles comme des princesses. Je regrette de ne pas pouvoir faire de photos, la batterie du Canon est à plat.
Je suis crevé, je demande au chauffeur de me ramener, on fait l'impasse sur le dernier truc à voir (un moulin à eau multi-centenaire).
Retour à l'hôtel à 5h où agréable surprise, il y a de l'électricité (car en général ils la coupe de 6h du mat à 6h du soir).
Vendredi 23
Je prends le train pour Aurangabad, ancienne capitale du dernier empereur moghol, Aurangzeb. Comme il fallait s'y attendre c'est bondé. Je suis en seconde classe normale et je me retrouve debout mais j'ai trouvé une place pour mon sac. Chaleur étouffante, des marchands d'amuse-gueule passent et repassent sans cesse alors que nous sommes serrés comme des sardine. Au bout d'une heure un jeune me demande si j'ai reservé une place, je lui dit oui, alors vas-y me dit-il, ne reste pas debout. Je lui dis qu'il y a trop de monde, tant pis, mais d'autres passagers s'y mettent, ils sont choqués qu'ayant une place assise je reste debout. Un jeune fait le poisson pilote pour m'amaner à ma place, l'occupant (heureusement c'est un homme) ne fait aucune difficulté pour évacuer. Les femmes et les enfants sont surtout debout ou assis par terre entre les jambes des gens assis. Il y a une promiscuité terrible. Je suis un peu inquiet pour mon sac qui est à l'autre bout du wagon, puis, merde, je fais confiance aux gars qui m'ont dit de m'asseoir. Un quart d'heure avant l'arrivée prévue du train je me lève et j'attaque ue procédure d'approche de mon sac. Très dur, car depuis le départ les gens ne font que rentrer, ce qu'il fait qu'il y a une densité humaine proche de 5 personnes au mètre carré. Je joue des coudes, j'explique à qui veut bien entendre que je vais vers mon sac, et enfin j'y arrive. En fait le train va avoir 20 mn de retard que je vais passer sur un pied, encastré entre deux indiennes bien en chair. A l'entrée en gare la frénésie gagne les gens qui veulent sortir et çà commence à bousculer. Le sportes s'ouvrent et ceux qui montent sont tout aussi excités car ils espèrent une bonne place. L'ennui c'est qu'une seule personne peut passer à la fois. Je vois le moment où je n'arriverai pas à sortir du train, je me sers de mon sac à dos comme d'un bélier. Personne n'est agressif alors que la situation y est extrêment favorable, chacun grignote son centimètre sans rien dire, avec résignation mais aussi entêtement.
Passé le barrage des rabatteurs de la gare, je file à un hôtel recommandé par LP, décevant, la salle de bain sent la pisse, mais bon, je suis crevé, je prends. En fait j'ai la température qui monte et qui va me tenir toute la nuit, pas forte mais continue. Une pharyngite sans doute.
Devant l'hôtel un chauffeur de rickshaw avenant me propose d'aller demain a Ellora toute la journée plus d'autres sites, pour 400 R. Banco. Cela ne va pas plaire aux gars de l'hôtel qui m'avaient proposé Ellora pour 800R (en taxi), que j'avais refusé, ils me feront la gueule et même une réflexion comme quoi je dois pas payer le gars plus de 300R. Moins que çà je leur dis pour leur fermer le caquet.
Jeudi 22 octobre
Aujourd'hui c'est vraiment la plongée dans l'Inde véritable. Nasik est une ville sainte pour les hindous car parcourue par un fleuve saint et c'est aussi le lieu où Lakshmana coupa le nez de la soeur du démon Ravana... A 30km il y a le village de Trimbak encore plus saint car il héberge l'un des 12 temples majeurs dédiés à Shiva. C'est par là que je commence la journée. Je prends un bus poussif et me retrouve bientôt dans un village enchanteur, au pied d'un ensemble de relief qui me rappelle Monument Valley en plus vert. Tout le village n'est qu'un immense marché, car hindouisme ou pas, les lieux saints c'est surtout bon pour le commerce. Beaucoup de pèlerins qui font la queue pour entrer dans le fameux temple (il a de la gueule avec son toit en forme de pyramide à degrés noir). J'offre une offrande d'herbe à une vache sacrée (5 roupies la gerbe), puis demande si je peux entrer dans le temple. Le flic me dit oui. J'enlève mes chaussures, m'incruste dans la queue près de la première porte d'entrée (je double en fait plusieurs centaines de pauvres gars qui font la queue) et entre dans la cour. Là horreur, je vois qu'il y a des centaines de gens qui serpentent dans un labyrinthe de barrières métalliques avant d'accéder au temple. Je renonce et fais demi-tour à la surprise générale.
Je vais ensuite errer dans le village où je rencontre plusieurs lieux de prière et de rituel. Vaches en liberté, bouses enflammées, sadous loqueteux entourés de fidèles au milieu de fumées d'encens, moines grassouillets quémandant des offrandes (fruits, fleurs, épices) qu'ils jettent dans la rivière sacrée. Je fais le parallèle avec Lourdes pour ce qui est l'exploitation mercantile de la foi: tout ce qui va aux dieux doit d'abord être acheté aux marchands alentour avec la bénédiction des hommes de religion.
Tout est extrêmement coloré et parfumé (odorant disons, car à l'encens et au santal s'ajoute l'odeur d'égout, de merde et de pisse).
Je fais de belles photos au bassin des ablutions où tous se pressent après (ou avant) le temple. L'eau est dite miraculeuse, elle arrête le cycle infernal des réincarnations...
Je reste un moment à observer puis reprends un bus pour Nasik.
Là je vais découvrir aussi les lieux sacrés: le Ramkund, portion de la rivière aménagée en bassin avec des gatts (berges-escaliers). Des milliers de personnes sont là pour faire trempette aussi ou pour laver son linge. Très coloré, très vivant. Des sadous, des bonzes, des mendiants sont partout aussi. Je cherche le temple de Kala Rama (Rama le noir), je finis par le trouver après avoir arpenté des rues étroites. Je peux entrer mais "no photo". Je vois une trilogie de dieux en pierre noire, parés d'or et de soiries.
Le quartier est animé, surtout par des jeunes excités qui se lancent une poudre rouge à la figure. Je les évite soigneusement (je pense que cette poudre doit être dure à détacher des vêtements). Je croise d'autres jeunes excités dans les rues, puis carrément une manifestation avec drapeaux, tamtam et toujours cette poudre qu'ils jettent sur tout le monde. Je prends quelques photos mais me tiens à distance, on dirait que c'est un parti politique (extrême droite hindoue?) qui aurait gagné des élections. En fait le soir aux infos de la télé j'apprends que c'est le parti au pouvoir ("parti du Congrès") qui nest reconduit au détriment de l'extrême droite (qui est suspctée de l'attentat à la bombe à Goa le week-end dernier).
Je vais dans un bureau de réservation de billets de train, cette fois-ci je comprends comment il faut faire (remplir tout seul un formulaire avec le nom et le numéro de train, la classe et ses coordonnées; aucune aide possible, s'il y a erreur, le formulaire est rejeté et il faut recommencer).
Le soir je me paye un bon végétarien (200R).
Mes problèmes intestinaux sont terminés, par contre j'ai pris froid dans le train (je tousse) et mon allergie cutanée est plus forte que jamais (j'ai pourtant arrêté la bière depuis 2 jours): j'ai les jambes et les chevilles couvertes de boutons très irritants.
Mercredi 21 octobre
Rien fait en attendant mon train de 3h. Je traîne dans la chambre toute la matinée, prend deux fois du lopéramide because un début de courante, puis vais boire un coca chez McDo et un special maharadja (oui, je sais, mais c'est pour ménager mes intestins).
Facile de trouver le train, c'est bien indiqué, et il y a même mon nom sur un papier collé sur le wagon (liste des passagers avec n° de siège).
Le deuxième classe climatisé est très très correct, propre et pas grand monde. Agréablement surpris. Le train part à l'heure mais arrivera avec trente minutes de retard.
Arrivé à Nasik, pris d'assaut par des rabatteurs mais je les envoie balader et trouve à quelques dizaines de mètres un chauffeur de rickshaw qui s'avèrera performant et honnête (je lui rallonge la note de 10R). Je vais à un hôtel indiqué sur Lonely à 500R, mais le type me dit qu'il ne reste que des chambres à 2000R. Je repars avec le sac sur le dos, il fait nuit, la circulation et le bruit sont déments. Au bout d'un quart d'heure je vois un hôtel, le prix me va (500 justement), je le prends. Il y a la sdb dans la chambre, c'est plus pratique pour faire la lessive.
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