25/01/2010

Bénarès dans les brumes du Gange

Mardi 26

La chambre est glacée et humide, j'ai du mal à sortir de mon duvet.
Aujourd'hui c'est fête nationale, mais je n'en verrai rien. Je pars explorer de bon matin les ghats que je n'ai pas vus. Pas grand monde et surtout pas de touristes. La brume se lève vite laissant le soleil du matin éclairer les façades colorées. C'est assez beau. J'assiste à une crémation complète pendant une heure, un pauvre vieux dont je vois les pieds puis le crâne se carboniser, le reste du corps est sous les bûches. C'est assez impressionnant. Mais comme tout en Inde c'est fait dans le bordel. Au même endroit, relativement restreint, il y a les gars qui déchargent les troncs d'arbre et branches qui sont débités derrière (pour les bûchers), les familles qui arrivent et font tremper le corps du défunt dans l'eau, les vendeurs de bois, les croque-morts qui entretiennent les feux, les vaches qui sont allongées n'importe où et les bandes de chiens qui se battent là haut milieu (il y a un paquet de chiens en bandes rivales dans la ville), sans oublier les badauds. Il n'y a un rituel tout simple, sans flonflon, un prêtre fait des prières et pose des boules d'une pâte non identifiée sur le cadavre, l'enveloppe de fumées d'encens, mais pas de musique, tout très simple, je dirais presque "bâclé".
Certains ghats sont dédiés au lavage du linge qui est ensuite laissé à sécher par terre, je dis bien par terre, là où les vaches défèquent, le gens marchent, les chiens pissent (on peut intervertir verbes et noms, c'est juste aussi). Propreté toute relative donc.
Je déambule tranquillement quand je vois arriver devant moi... un avignonnais. Et pas n'importe lequel, une figure, le gars au dreadlocks, la soixantaine, qui tenait un magasin de jeans branchés à l'époque et qu'on voit traîner l'été du côté de la place de l'horloge. Je lui ai un peu parlé mais il planait à deux mille...
Le soir j'assiste a la cérémonie que j'avais raté hier. Belles mini-videos.

Lundi 25

Bénares après une nuit éprouvante dans le train (17h dans le froid, heureusement j'avais mon duvet, mais c'était juste). Mon voisin de couchette est un canadien étrange qui dessine des trains tous tordus. Je n'ai pas tout compris de ce qu'il m'a dit because mon pauvre anglais, mais il n'était pas net (après m'avoir proposé à manger et un médicament quand j'ai prétendu être dérangé, il m'a parlé des agressions de touristes à l'aide d'aliments drogués. A l'arrivée il s'est levé et est parti sans dire au revoir.
Bénares.
J'étais au courant que la ville est réputée pour ses conducteurs de rickshaws malhonnêtes et âpres au gain. Aussi j'ai rusé: j'ai laissé mon sac à la consigne de la gare puis ai négocié un prix correct pour me rendre près du Gange. Là j'ai pu chercher un hôtel sans être trop ennuyé par les rabatteurs. Ensuite je suis retourné chercher mon sac à dos. J'ai écarté un paquet de rabatteurs en route et mais un dernier plus têtu me précéda en arrivant à mon hôtel (dans le but de percevoir une commission). Je lui ai agité les clefs de la chambre sous le nez: "trop tard!"
J'ai déjà fait connaissance avec la circulation chaotique des villes indiennes, mais là c'est le pompon.
Un merdier indescriptible, aucune règle, toutes sortes de véhicules roulent dans toutes les directions et de tous côtés, à droite, à gauche. Un embouteillage monstre à l'approche des ghats, mon cyclopousse a eu trois accrochages entre la gare et le lieu de dépose, dont l'un avec une moto mais il a dénoncé le rickshaw qui nous suivait comme quoi il l'aura tamponné:le motard s'est élancé sur l'autre conducteur et lui a envoyé un coup de poing.
L'ambiance est tendue, l'air pollué, le bruit (klaxons) insupportable.
Sinon la vue sur le Gange embrumé, les marches d'escaliers qui s'étendent sur deux ou trois kilomètres où rêvassent des saddhus extatiques, les bûchers où brûlent les cadavres qui sont amenés sur une civière en flux tendu, les bougies qui flottent au fil de l'eau. Pas mal, mais ce n'est pas aussi magique que je pensais. IL y a étrangement peu de monde, moi qui m'attendais à des foules en délire. Je sature sans doute, trop de sensations depuis trop de temps, mais au lieu d'assister à une cérémonie en grande pompe sur un de gaths (escalier menant au Gange) où sont mélés plusieurs groupes de touristes en voyage organisé (des retraités), je vais manger un riz sauté aux petits légumes. J'assiste juste à la clôture de l'évènement.

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