22/01/2010

j'étais à Calcutta, je n'ai pas vu Mère Theresa

Dimanche 24

Je quitte cet hôtel de merde (le plus mauvais de mon voyage vu le prix ( 1050+taxes=1200R): pas moyen de dormir avant minuit, vue l'agitation des clients en goguette, et réveillé par des coups de marteau dès 7h, because des travaux tout près de la chambre. L'eau chaude "24h/24h" ne fonctionnait pas et en plus le réceptionniste garde 5 roupies car soit disant il n'a pas la monnaie!
Par contre j'ai repéré hier soir un restau spécialisé dans la cuisine du sud, et j'y cours pour me payer un bon masala dosa, çà me manquait. En route je passe près d'un pauvre hère couché en travers du trottoir et qui dort dans sa merde toute fraîche. Mais j'ai trop faim pour me laisser couper l'appétit.
Une heure de queue pour mettre mon sac à dos à la consigne puis je file à pied vers le nord-est pour voir un temple jaïn réputé (le temple Paresnath). Au bout d'une marche éreintante je me retrouve dans des quartiers improbables (de plus en plus de familles sdf sur les trottoirs), je ne sais où je suis réellement (le Petit Futé c'est sympa, mais leurs cartes n'ont pas d'échelle, ce qui est très génant quand on arpente la ville à pied). Bref, je hèle un autorickshaw qui m'amène au temple, prenant d'autres passagers en route (ici ils sont collectifs et cantonnés à certains quartiers). Le temple est superbe, tout d'argent et de miroirs. Comme d'hab le "guide" de service me gâche un peu la visite, j'arrive à ne rien lui donner en me montrant antipathique, mais quand je veux sortir, c'est le "portier" qui exige un backshish pour me laisser sortir! (il a fermé la porte avec un cadenas); j'en suis pour 10 roupies.
Je prends un taxi pour aller au Eden Garden, le jardin public sympa en bord de fleuve. J'y traîne un bout de temps puis passe le reste de l'après-midi au "Floatel", un hôtel flottant 3 étoiles tout proche où je m'enfile 2 Foster's bien glacées (je sais c'est pas bien mais j'adore) avec des cacahuètes (ce sera le seul repas de la journée).

Samedi 23

Je pars acheter mon billet de train pour Benares (Varanarasi, sa nouvelle appellation) au bureau réservé aux touristes (qui bénéficient de places réservées). Cà me prend une heure car j'arrive au moment de la pause, mais j'ai une couchette assurée pou demain plus une autre pour Mumbai le 27.
Je tombe sur une commémoration officielle avec pléthore de flics pour l'anniversairee d'un héros de l'indépendance, doublée d'un manifestation monstre apparemment organisée par le parti communiste bengalais. Beaucoup de flics armés de bâton, de voitures blindées anti-émeute et de minivans des "forces spéciales". Je change de quartier et file au musée, le plus ancien et le plus important d'Inde, très interessant, plein de charme suranné, poussiéreux, et qui veut être exhaustif dans tous les domaines des sciences naturelles. J'apprends des choses: la première laque qui est un produit animal, la sécrétion d'un insecte microscopique et qui a été exploitée industriellement. Dans la salle des reptiles un panier avec 18 bracelets de cheville et 20 bagues constitue le contenu d'un crocodile tué dans le delta du Gange. Je prends ensuite le métro pour aller voir le temple de Kali, la déesse de la mort (mais aussi de la vie), qui a donné son nom à la ville (Kalighat, Kolkotta, Calcutta). Le lieu est impressionnant, médiéval et miséreux.
Plein de pauvres hères allongés n'importe où par terre, ruelles étroites emcombrées d'échoppes vendant de tout, notamment tout ce qui peut faire plaisir au pélerin de base. Un soit disant brahmane m'entreprend pour me faire visiter le temple et passer devant tout le monde (car il y a une queue conséquente). Je refuse par principe et parce qu'il m'est antipathique. Je ne verrai pas l'intérieur...
Juste à côté, le premier dispensaire créé par Mère Thérésa, devant la porte pas mal de sans logis encore, avec femme et enfants, avec pour tout bien un bout de bâche en plastique...
Je rentre dans mon quartier civilisé (j'ai encore fait un paquet de kilomètres aujourd'hui) et m'achète un jean, pratiquement un clône de celui que je porte tous les jours: 800R. Bon poulet tandoori dans un restau musulman un peu chic (Alladin, rue Free School).

Vendredi 22

Calcutta, après une nuit dans le train. Je laisse mon sac à dos à la consigne et pars découvrir Calcutta. Il est 6h, le jour se lève. Je traverse le pont cantilever d'Howrah (c'est la banlieue ouest de Calcutta). Presque personne dans les rues, hormis les laissés-pour-compte de la société capitaliste indienne (bien que le gouvernement du Bengale soit communiste depuis 25 ans): ils se réchauffent près d'un minable feu nourri de papier et de plastique. J'arpente de grands boulevards aux immeubles décrépis, voire en ruine. J'ai un plan sommaire de la ville, sans échelle, ce qui va m'amener à marcher 1h30 avant d'arriver dans le quartier des hôtels de routards(Sudder Street). Plusieurs sont complets, d'autres d'une qualité infame, je me décide à prendre plus cher (1100R) bien que ce ne soit pas le Ritz. Je pars ensuite marcher toute la journée, il fait beau et bon, je dois faire plus de dix km. La ville avec ses boulevards et ses parcs urbains immenses fait aérée, malgré la circulation et la pollution affreuse. Je vais dans un vieux cimetière anglais du XIX ème, puis au Victoria Memorial, un monument grandiose érigé en l'honneur de la reine Victoria. Je fais un trajet en ferry pour aller chercher mon sac à la gare (j'adore les bateaux dans les villes). Je rencontre mes premiers rickshaws à traction humaine (il y en a 40000 à ce qu'il parait). Beaucoup de mendiants couchés sur les trottoirs, ou des petits boulots de rue: repas rapide cuit sur réchaud à carbon, vaisselle faite dans un bac d'eau saumâtre à même le caniveau, les verres sont en poterie non cuite, jetés après usage. Dentistes, barbiers, assis par terre, aucune hygiène. J'entre dans le métro et à la vue du panneau "photos interdites", je demande au flic de faction si je peux prendre en photo le plan du métro affiché dans un coin. OUI. Je prends la photo, mais alors déboule le chef qui exige que j'efface la photo. J'ai beau dire que j'ai demandé l'autorisation à son sublaterne qui tout d'un coup nie effrontément, que le plan ne contient aucun secret et que tout le monde peut le connaître, peine perdue, les consignes sont les consignes, la logique n'a rien à faire là dedans. Il me conseille d'acheter un plan dans la rue...
Je ne sais pourquoi mais cette ville me fait penser au Caire. Même ambiance aérée et poussiéreuse, partout des vigiles le fusil en bandoulière s'emmerdant roytalement devant leur banque ou administration. Je trouve chez un bouquiniste un vieux Petit Futé Inde du Nord pour 200R qui va m'être bien utile (Frommer's est vraiment trop nul).

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