15/12/2009

Kumily et la reserve bidon de Periyar

Mercredi 16

Matin très maussade, brouillard épais, température en baisse, il a plu pendant la nuit. Mes rhumatismes se réveillent, il est temps de changer d'endroit. Je prends un bus qui m'emmène à Kottayam en 3 heures. Le chauffeur conduit assez mal, prend beaucoup de risques (doublage en côte sans visibilté) et ce n'est pas la vue d'un bus qui était en train d'être tiré d'un précipice avec des palands qui l'a refroidi (comme toujours ici c'est le grand bricolage: des piquets ont été plantés sur le bord de route et des mecs avec des palands tirent le bus à la main, un bus de pélerins hindous qui revenaient du temple qui m'intéressait qui s'est scratché il y a 3 jours).
Arrivé à Kottayam j'attends 2 heures pour prendre un bateau qui va m'amener à Alleppey après une virée superbe dans les canaux des backwaters. 11 roupies le voyage de deux heures et demi, avec les autochtones qui montent et descendent, les enfants qui rentrent de l'école, bref super, vingt fois mieux que le tour que j'avais acheté 550 roupies à Cochin. J'accompagne à son hôtel une jeune italo-anglaise qui souffre d'une sciatique et galère avec sa valise et trouve un hôtel folklo tout en paille comme la maison d'un des trois cochons (400R). C'est encore la fête ici, beaucoup de monde dans les rues, fête foraine en cours d'installation, feu d'artifice: c'est incroyable, il ne passe pas une semaine sans que je tombe sur un jour férié ou une fête locale. Je me rappelle ce que disait cette face de carême de Fillon qui prétendait que la France était le pays qui avait le plus de jours chomés, il ferait bien de sortir car l'Inde nous bat à plate couture. J'ai même lu dans un journal que l'état du Kerala exigeait de l'état du Tamil Nadu qu'il accorde un certain jour férié aux enseignants des régions proches du Kerala où il y a un parler "malayalam" car c'est férié au Kerala et que le Kerala a accordé une faveur similaire aux gens originaires du Tamil Nadu...
Alleppey me surprend agréablement, je comptais m'arrêter juste une nuit, mais je vais prolonger.

Mardi 15

La perfection n'existe pas, la guesthouse est super sauf le lit (draps et couvertures trop petits, donc vite en tire-bouchon. J'ai du mal à dormir, en fait je ne dormirai que 4 heures. Journée grise et fraîche, j'ai mal aux articulations, bref, mauvaise journée, je décide de ne rien faire et me reposer.
Excellent petit déj dans un hôtel fréquenté que par les indiens, beaucoup de pélerins qui vont à un temple important à une cinquantaine de kilomètres de là, mais je n'arrive pas à comprendre si les non-hindous peuvent y entrer. J'abandonne l'idée d'y aller.
Achat d'une carte de 8Go pour l'appareil photo, çà me durera au moins 2 mois (j'ai déjà rempli 4 cartes de 2Go en photos et videos). Petite sieste l'après-midi. Le soir spectacle de Kathakali: deux acteurs extraordinairement maquillés et habillés jouent une histoire de la mythologie indienne sans paroles mais avec des gestes et des mimiques sophistiquées accompagnés d'un rythme de tablas. Je suis encore au premier rang bien qu'ayant acheté mon ticket juste au début de la représentation...
Les gens viennent à Kumily pour faire des treks et des safaris en jeep, moi je suis allé au spectacle.

Lundi 14

Je me tâte en me levant savoir si je reste là ou si je vais à une guesthouse d'on j'ai les coordonnées. Mais il est 7h et des bruits de bricolage sur la tuyauterie sévissent pendant un quart d'heure, puis je vois le type d'hier soir qui tourne autour de ma fenêtre et finit par l'ouvrir de l'extérieur! Je lui demande qu'est-ce qu'il fiche, il me répond "c'est pour aérer". Ok. Je fais mon sac et m'en vais. En partant je le croise, il n'était pas loin, et il me refait le coup d'hier "tip, tip". En fait c'est un employé pas très clair et il veut un pourboire ce con. Je l'envoie balader. Je décide d'aller à une guesthouse conseillée par le proprio de Munnar. Elle n'est pas à Kumily, mais à Tekkady, dans la réserve, si j'en crois la carte de visite. Un rickshaw me prend 30 roupies pour y aller (c'est à dire le prix pour 3 km). Et s'arrête un kilomètre plus loin, toujours à Kumily, devant une guesthouse en pleins travaux. Mauvais plan. Je passe devant le proprio qui me faisait un large sourire et file à 30m vers une autre guesthouse dont on m'a dit du bien (les guesthouses s'enfilent les unes contre les autres dans cette rue). Comme je m'avance vers l'entrée en retrait de la rue, une femme m'intercepte. "Harita guesthouse?, je lui demande. "Oui, oui". Je la suis dans une chambre très bien, grand lit double, balcon, balancelle, transats, vue sur la jungle. 400 roupies en plus! Une fois seul je regarde le porte-clef de la clef de la chambre: Periyar View Guesthouse: c'est un concurent de celle où je voulais aller!
Voilà un échantillon de l'ambiance dans la ville. Les professionnels du tourisme entretiennent un flou pour empêcher le touriste de se débrouiller tout seul, les cartes sont fausses, les distances surévaluées, Tekkady et Kumily sont assimilés au même lieu et les chauffeurs de rickshaw ont l'air de se serrer les coudes.
Je vais pour m'inscrie à un trek de 9h dans la montagne pour demain. Raté, c'est complet. Bon, je traîne sur mon balcon puis vais à 14h à l'entrée de la réserve pour faire une balade de 3h sans réservation. Comme je suis le seul, il me faut payer le guide comme tout un groupe! Non, merci. Bon, je décide de partir tout seul dans la réserve ("la Réserve sauvage du Tigre" où il y aurait 1000 éléphants, des tigres, léopards, écureuils volants, cobras et 323 sortes d'oiseaux), mais il faut payer l'entrée 300R, c'est cher pour l'Inde. Soit, je paie et j'y vais. En fait je vais faire 6km sur la route, dans une forêt certes (tek, santal et autres), mais rien à voir de spécial (il est interdit de sortir de la route, trespassers would be prosecuted). Cher pour ce que c'est. Théoriquement çà mène à un embarcadère où on peut faire une balade en bateau sur le lac tout proche, voir la faune et la flore. Mais un des bateaux a coulé il y a deux mois, faisant une cinquantaine de morts (je l'avais lu dans le journal à Goa), et tout est interrompu. Heureusement il y a un petit musée à l'abandon qui expose des animaux de la réserve empaillés ou dans le formol, pas inintéressant.
Le soir je m'offre un spectacle de démonstration de Kalaripayattu, l'ancêtre du Kung-Fu (200R). Et retour à ma guesthouse qui est vraiment super.

Dimanche 13

Je pars à 9 heures de l'hôtel pour attraper un bus pour Kumily près de ma réserve de Periyar. Horaire très vague: si le patron de l'hôtel m'a dit que le bus partait à 10h30, d'autres m'ont indiqué 7h30 (un flic qui m'a donné un bonbon quand je lui ai dit être français), 9h30, 11h, 11h30 et 11h40. C'est le dernier en qui j'avais le moins confiance (un chauffeur de taxi qui me proposait de m'emmener pour aller plus vite) qui disait vrai. Grande animation dans la ville car c'est le week-end et en plus il semble que les communistes fêtent quelque anniversaire; beaucoup de monde habillés en rouge vif, drapeaux rouges, jeep qui sillonnent les rues pleines de militants. Les hindouistes ne sont pas en reste, ils fêtent aussi quelque chose sans doute car un camion avec une sono à fond fait un speech dans les rues, accompagné par une procession de fidèles qui récoltent des dons en argent sonnant et trébuchant.
Belle route de montagne, mais il fait froid (pas de vitres dans les bus) et la pluie menace. Le voyage est éreintant (4h secoué comme un prunier). Quand j'arrive je me laisse embarquer par un rabatteur qui se dit guide vers une guesthouse "pas chère" (j'ai pourtant deux adresses mais je suis fatigué). Il m'emmène à une guesthouse toute neuve, pas bien située (en ville, pas de vue) mais propre, je prends (400 roupies, chambre double). Le proprio ne s'intéresse pas à moi, il fait la fête (mariage de sa fille). Je me balade dans la ville pour me repérer, mange un riz Byriani au fromage puis assiste à un spectacle offert par l'office de tourisme de la ville. Amateur mais c'est sympa. Kumily ne me plait guère, 100% touristique, mais je vais essayer de faire un trek demain si le temps le permet (on a eu de la pluie dans la soirée). En rentrant à la guesthouse un type que je prends pour le proprio me fait remplir les formalités habituelles, et une fois fini il insiste à me dire "tip, tip" en faisant le geste de boire, que je crois comprendre en "tea, tea". Je lui dis non, merci, demain peut-être...

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